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L’ABUS SEXUEL DU BEAU PERE SUR SA BELLE FILLE

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Jennifer BAUDRY

vendredi 06 janvier 2012

L’ABUS SEXUEL DU BEAU PERE SUR SA BELLE FILLE

Les structures familiales d’aujourd’hui ne sont plus les mêmes que celles d’il y a 50 ans. Les représentations de la place et des rôles des figures parentales ont changé. Ces remaniements ont donné lieu à de nouveaux « associés » ou « concurrents » soit la belle-fille, le beau fils, ou le beau parent. Le beau parent n’est ni « un parent ni un ami » (Théry, I., 2001, p90). Cependant il se doit de trouver sa place dans le but de possiblement participer à l’éducation de l’enfant de sa compagne, ainsi qu’aux constructions des représentations infantiles nécessaires au développement psycho affectif de l’enfant. La place du beau parent n’est pas dès plus facile et des « dérapages » peuvent se montrer. Le travail présenté ici est un travail de fin d’étude de psychologie clinique. Il s’est réalisé au SPAD (Soins Psychiatriques Ambulatoires aux Détenus), qui travaille entre autre au centre de détention de Salon de Provence. Le centre de détention Salonais accueille uniquement des hommes majeurs condamnés. La réalité clinique de ce centre pour peine rend compte d’un fort taux d’auteur d’infraction à caractère sexuel (AICS). De ce fait il est cliniquement intéressant de travailler sur l’abus sexuel du beau père acté, dans notre étude, sur sa belle fille. En effet, quelle est la place de ce « beau père » dans la cellule néo construite ? Comment s’inscrit-elle chez l’enfant ? Chez la concubine et donc la mère ?

Le travail effectué est une étude qualitative construite de part des entretiens individuels semi directifs de trois patients condamnés pour des faits de mœurs sur leur belle fille. L’outil utilisé ici est un Questionnaire d’Investigation Clinique pour les Auteurs d’Agression Sexuel (QICPAAS). Il a pour but d’apporter des éléments cliniques de personnalité du sujet, ainsi que des informations contextuelles et familiales sur ce dernier. En lien avec ce questionnaire, et les pensées qui ont animé mon travail de fin d’étude, j’ai œuvré autour de trois idées principales.

GENESE ET QUESTIONNEMENTS

De nos jours beaucoup de familles se séparent, divorcent et se re construisent. Nous retrouvons ainsi des familles monoparentales, « homo parentales », et des familles recomposées. Nous sommes loin des foyers prônant les idéaux de l’union sacrée du mariage donnant lieu à la construction et à l’intégration, des archétypes parentaux où chacun tient et alimente un rôle, rôle qui n’est assigné que soit à la gente féminine, soit à la gente masculine.

Depuis les années 70 de nouvelles lois élargissent ces pensées au profit d’un remaniement des rôles parentaux. Les représentations du père, séparateur et autoritaire, ou de la mère, garante des soins journaliers du foyer, se sont adaptés et façonnés aux changements sociétaux. La loi du 4 juin 1970 va dans ce sens et établit une refonte du droit de la famille, et plus particulièrement de la perte de l’autorité paternelle au profit de l’ « autorité parentale ». Le législateur reconnait ainsi le couple et déploie une légitimation plus égalitaire de la place de la mère dans l’éducation de l’enfant. De ces constatations, quelles sont les conséquences d’un point de vu familial ? Les identifications masculines et féminines nécessaires au développement psychologique de l’enfant, futur adulte sexué et potentiellement futur parent, ont-elles changé ? L’intégration des interdits, conséquences de l’Oedipe et du tiers, est elle toujours présente et permet elle une adaptation du sujet dans la société ? Dans une famille dite monoparentale, quelle place la mère et l’enfant accordent ils au beau père ? Comment ce dernier appréhende-t-il sa place au sein de cette cellule ?

Ces questions amènent à la thématique qui suit soit à s’intéresser au cheminement interne de ce tiers via l’abus sexuel commis.

ENTRE AFFECTS ET REPRESENTATIONS

La première idée serait qu’entre le beau père et la belle fille, comme dans tous groupes, il naitrait des liens affectifs. Ces derniers seraient cependant mal inscrits psychiquement chez le beau père car ne garantissant pas l’interdit de l’inceste. Cette idée s’explique de part deux notions. D’une part en se référant au principe de l’exogamie et donc de l’interdiction de fréquenter des femmes du même clan. D’autre part, des affects qui découlent des représentations construites par chacun des membres de la famille recomposée envers ces mêmes membres leur garantissant à chacun d’entre eux un rôle et une place au sein du groupe, soit ici la famille. Dans tous groupes s’installent des affects (amicaux, amoureux, professionnels, de haine, de jalousie,…) en écho avec la mentalisation d’un vécu intersubjectif. Ces liens, ces « embryons de sens » (Konicheckis, A., 2002), alimentent et construisent les représentations mentales que se crée chaque individu au travers d’un paire. De ces représentations, des lois communes, intégrées sociétalement et inscrites depuis la prime enfance, émergent chez le sujet ce qui lui permet d’interagir avec le groupe dans le respect des normes sociales. Sans cette sensorialité du lien, il y aurait possiblement effraction dans les relations interpersonnelles et anomie des lois primitives. Le principe de l’exogamie rend compte de l’intégration de l’interdit œdipien. Les représentations d’affects nés de cet interdit, et projetés sur l’autre, garantiraient et porteraient ce principe en dehors des relations familiales.

Dans l’abus sexuel du beau père sur l’enfant, cet interdit est dépassé et, par ce dépassement, les différences intergénérationnelles sont évincées. Cette non intégration des différences intergénérationnelles se retrouvent parfois dans le discours de certains patients lorsque ces derniers, dans un même temps, parlent de « fille » puis de « femme » en référence soit à leur victime, soit à une seule et unique personne. Ce discours signe en effet d’une non intégration des différences transgénérationnelles, mais aussi, d’une fragilité identitaire au sens où le sujet ne saurait, lors d’évènements déstabilisants pour lui ou en regard à sa structure de personnalité, s’identifier lui-même entant qu’homme ou garçon (si l’on parle d’un homme) vis-à-vis ici de l’enfant de sa compagne, enfant qui malgré l’âge restera symboliquement « enfant de ».

SOUS LE JOUG DE SES IDEAUX

Une seconde difficulté que rencontrerait le beau père dans la cellule néo formée, serait celle de donner du sens à la place qu’il occupe au sein de la famille recomposée. Ce même sens, engendrant un rôle, rôle qui doit être déterminé et admis tant par le beau parent que par les autres membres de la famille. En effet comment la femme, mère et concubine, reconnait et intègre son compagnon dans l’éducation qu’elle donne à son propre enfant ? Quelle place du beau parent est psychiquement attendue par l’enfant ? Comment ce tiers appréhende-t-il cette place, ce rôle ?

Face à l’une des questions du QICPAAS portant sur cette place supposée acquise au sein de la famille recomposée, un patient m’a dit un jour, « je suis le maillon » au sens où, de part son âge, il serait celui que l’on doit écouter « J’apporte mon vécu, je contribue à ce que la famille avance parce que je suis le plus vieux ». Nous voyons par là le besoin qu’aurait ce patient de vouloir être celui qui montre, qui sait, ce qui nous renvoie aux imagos archaïques du père évoquées plus haut ici. Nous retrouverions là le conflit entre la représentation infantile que s’est construite le beau père en lien avec celle qu’il s’est construite de son propre père, et la place qu’il tente d’occuper. Nous pourrions alors questionner ici les changements de la fonction paternelle occupée depuis l’antiquité jusqu’à nos jours. En effet, comment arriver à s’identifier et se positionner en tant qu’homme dans une cellule familiale, re composée ou pas, où cette place fantasmée et supposée par ce même individu ne peut prendre appui sur ses propres représentations infantiles et historiquement ancrée dans les mœurs?

D’autres discours de patient : « c’était comme une initiation » étaye cette pensée dans le sens où le beau père, n’étant pas le père biologique de l’enfant, tenterait, selon son expérience, d’apporter un peu de lui dans l’éducation de l’enfant. Nous retrouverions là l’annihilation des différences intergénérationnelles où l’homme tente de répondre à ses propres désirs, avec ses capacités mentales et physiques d’un homme adulte, sans tenir compte de l’âge, des attentes et des besoins de l’enfant de sa compagne.

DESORIENTATION AFFECTIVE

Cette absence de différences d’âge a amené l’idée d’une confusion des sentiments, des places.

En effet, un patient, suite à une question portant sur ce que représentait pour lui sa belle fille au moment des faits, a répondu qu’elle aurait pu être « comme une copine », ou encore « comme l’un des miens ». Nous voyons dans ces propos que la victime n’a pas sa place de sujet mais existerait plutôt dans une continuité narcissique identitaire que, par exemple, un enfant peut représenter pour son parent. La difficulté hypothétique pour le beau père, serait de démontrer son affection envers l’enfant de sa compagne, tout en garantissant les limites et interdits œdipiens. Cette difficulté renvoie au degré d’intégration psychique de la représentation affective de l’enfant que s’est construit le beau père. Du degré d’ancrage de cette représentation du lien dépend sans doute l’affaiblissement ou la conservation de l’interdit œdipien. Les lectures de Freud et de Ferenczi, alimentent l’idée de cette confusion des rôles, des places, des sentiments. Ferenczi dénonce les réponses inadaptées que l’adulte peut avoir envers un enfant : «  Un adulte et un enfant s’aiment; l’enfant a des fantasmes ludiques, comme de jouer un rôle maternel à l’égard de l’adulte. Ce jeu peut prendre une valeur érotique, mais il reste toujours au niveau de la tendresse. Il n’en n’est pas de même pour l’adulte (…). Ils confondent le jeu des enfants avec les désirs d’une personne ayant atteint la maturité sexuelle et se laisse entraîner à des abus sexuels sans penser aux conséquences » (Ferenczi, S., 1932, p130). Les réponses inadéquates de l’adulte envers l’enfant permettent de mettre en avant un défaut, chez le beau père, de représentation de l’enfant entant que sujet plus jeune. Par ce défaut, il y aurait indifférenciation des âges et une confusion de soi/ non soi, dans le sens où le beau père réagirait comme si l’enfant de sa compagne, serait, comme lui, inscrit dans une sexualité génitale adulte.

DANS L’INCONGRUENCE

La troisième idée s’est étayée autour de la frustration que pourrait vivre le beau père de part la non congruence entre le rôle qu’il pense avoir au sein de la cellule néo formée, et la représentation de l’homme et du père qu’il s’est construit psychiquement. Cette déstructuration interne serait tellement perturbante que le sujet réagirait alors sous le primat du ça, au détriment donc d’une conservation du lien à la réalité. Guillaumin parle de « çaisation du moi » (2003). Par cette notion et par la discordance évoquée, le beau parent questionnerait ses imagos parentales et les idéaux qu’il s’en est construit. Cependant, ce questionnement occasionnerait une déstabilisation interne, déstabilisation tellement importante voire destructrice psychiquement pour le sujet que ce dernier passerait à l’acte via l’abus sexuel. En effet l’acte peut être en lieu et place d’un manque à dire ou à être dans le but d’une auto conservation du moi déstabilisé. Je m’appuierai sur les propos de Maria Do Carmo Cintra De Almeida-Prado, docteur en psychologie clinique, et psychanalyste, pour étayer mes pensées. Cette psychanalyste explique que « lorsqu’un homme bat une femme, il veut lui montrer qui commande et qui doit obéir : le bénéfice visé est toujours la domination » (Revue de thérapie familiale psychanalytique, 25, le divan familial : familles à corps et à cris, 2010, p91). Sans pour autant parler de domination, le beau père, par le passage à l’acte, tente de rétablir son équilibre interne fragilisé. Nous pourrions observer là un défaut de mentalisation d’un problème donné (le sentiment de ne pas avoir de place au sein de la famille, le sentiment de ne pas remplir un rôle souhaité,…) au profit d’une économie psychique laissant ainsi émerger un agir. Par l’agir, il y aurait tentative de liaison. De Greef parle de pensées d’anéantissement de l’autre qui peuvent se retrouver chez tous. Nous retrouverions là un fonctionnement pouvant être assimilable conjointement à, de part le passage à l’acte dénué de réalité intersubjective, à la pensée psychotique, ainsi qu’un fonctionnement névrotique car, une fois l’acte accompli, non dépourvu de sens commun.

L’ELEMENT PERTURBATEUR

En regard aux familles recomposées, et plus particulièrement à la vie de couple, je suppose que le sujet enfant ou beau parent peut être appréhendé, tant par l’enfant que par l’adulte, comme étant un « élément » perturbateur. En effet, dans la relation de couple, une dualité s’inscrit. Face à cette dyade, Lemaire explique qu’il y a « un double mouvement propre à la relation amoureuse souhaitée durable : mouvement intense de rapprochement allant jusqu’à la fusion, avec les immenses bénéfices narcissiques et libidinaux d’une part, d’autre part mouvement défensif contre un amour si envahissant et dépersonnalisant » (Lemaire, J.G., 1989, p128). Nous retrouvons ici le caractère fusionnel dans la relation de couple, caractère que nous retrouverions dans les premières relations archaïques où, par la suite, un tiers interférerait dans cette fusion créant la différenciation soi / autre.

En effet, dans le commencement d’une relation sentimentale, tout comme l’enfant au stade oral, l’homme désirant être l’objet du désir de la femme (et réciproquement), pourrait se positionner vis-à-vis d’elle comme étant celui qui va combler ses attentes (matérielle pour certaine famille, narcissique ou de protection pour certaine personnalité, de filiation et de transmission dans certain cas,…). Face à cette position, l’homme régresserait à une place d’omnipotence déjà vécu aux stades infantiles. L’enfant, existant avant que cette relation de couple ne s’instaure, ferait tiers, tout comme le père dans la relation mère/nourrisson. Pourrait on alors penser que de cette position de tiers que pourrait porter l’enfant, une confusion des rôles, des places, s’inscrirait inconsciemment d’emblée dans la relation beau père/ mère/ enfant ? Face à cette triangulation « forcée », il est possible de supposer que l’adulte vivrait un sentiment d’une perte de sa toute puissance et que ce vécu engendrerait une revisite, chez l’adulte, de ses angoisses primaires. Ces angoisses régressives étant possiblement trop dévalorisantes pour le beau parent, celui-ci tente par l’agir de retrouver sa place et l’estime de lui-même.

DE L’ANGOISSE A L’ELABORATION

Parmi ces angoisses, l’angoisse de castration, qui renvoie à la « capacité de devenir un adulte capable de procréer, de s’imposer dans son identité sociale et sexuelle » (Boubli, M., 1999, p75). On observerait alors chez le beau parent une régression au stade pré œdipien où l’homme, en l’occurrence ici le beau père, tenterait une re-symbolisation de ce qui se passe dans sa réalité du moment. Par réalité du moment, j’entends la recherche et l’appropriation d’une place en adéquation avec les imagos parentales de l’adulte, ainsi que selon la structure de la famille recomposée. Nous comprenons par là la possibilité d’une fragilité identitaire chez le beau père à ce moment précis de remaniement psychique. Ce remaniement peut engendrer des tensions internes chez ce sujet, alimentant et réactualisant certaines angoisses primaires. Le fait, par l’environnement extérieur, de nourrir les angoisses internes du sujet, peut accentuer sa vulnérabilité psychique le soumettant à d’autres formes de troubles psychologiques (hallucination, délire,…). C’est ce que l’on pourrait nommer la décompensation.

J’ai supposé que l’enfant, qui serait tiers, alimenterait ces tensions internes chez le beau père, ce qui engendrerait chez ce dernier un « désir de voir disparaître la personne obstacle » (Mucchielli, L., 1994, p339). Cette citation renverrait à une non acceptation d’un « obstacle » personnifié et non intellectualisé. Cet « obstacle » se retrouverait en la personne de l’enfant où il serait alors le sujet représentant d’une défaillance de l’autorité du beau-père, et donc une perturbation narcissique et identitaire vécu par le beau père. La disparition usitée dans la citation s’inscrirait soit psychiquement par, entre autre, le refoulement, soit de façon plus réel, par l’assassinat évoqué. Dans la clinique de cet écrit, nous ne sommes pas en présence d’assassinat. La disparition de « la personne obstacle » se ferait plus sur un plan symbolique (déni, refoulement, clivage,…). Ces mécanismes que nous retrouvons par ailleurs dans le discours de certains patients où, face aux conséquences des faits, ces derniers expliquent que « elle vit quand même très bien », « il n’y a eu qu’un seul attouchement sur tout le corps ». Cette mise à distance, ce manque d’affect, rendraient-ils compte d’une annihilation des conséquences sur la (ou les) victime(s) ? Serions-nous là face à un déni de l’acte ? Un refoulement par une forme de prise de conscience des conséquences sur la victime ainsi que psychologiquement chez l’auteur du délit sexuel ? La question de la culpabilité et de la honte se pose ici et pose aussi la question de la structure de l’auteur de faits de mœurs.

LA QUESTION DE LA PLACE

En référence aux discours des patients, nous pourrions supposer que le beau-père présenterait une forme de dépression, dépression en lien avec un sentiment de manque à être en tant que sujet au sein d’une famille recomposée. Cet état dépressif ferait régresser ce patient à un stade pré œdipien.

Si l’on se réfère à Henri Ey et aux états dépressifs, la mélancolie engendrerait une régression massive au stade oral tandis que la dépression névrotique génèrerait une « régression partielle au stade phallique » (Ey, H., 1989, p181). Selon le mode de régression, observerait-on les mêmes comportements ? Les mêmes passages à l’acte ?

Lors de cette régression, face à l’enfant, l’adulte ne se présenterait plus comme étant « la personne ayant autorité sur ». Symboliquement, il ne saurait plus quel rôle tenir face à l’enfant. Laplanche parle d’« effritement des systèmes de parenté » et précise que cet effritement dissipe « l’interdit de l’inceste » (Laplanche, J., 2007, p147).

L’idée que le beau-père, par le passage à l’acte, tente de rétablir son équilibre interne fragilisé, est mise ici en avant. Par manque de place et de rôle au sein de la cellule familiale, le sujet perdrait de son identité narcissique et singulière, cette situation engendrerait une régression au stade où, enfant, il avait le sentiment d’être tout pour l’autre. La régression au stade oral se montrerait donc là. Dans cette régression, l’auteur d’infraction à caractère sexuel recréerait alors la relation symbiotique vécue lors des expériences précoces infantiles dans la relation mère/enfant, à des fins éventuels de renarcissisation.

En conclusion…

La famille est un ensemble de groupe d’individus qui vivent et partagent un même toit. De cette vie collective résultent des expériences de vie commune, de relations, de liens. Ce qui me posait question, en regard avec la population du SPAD, était de savoir comment ces liens se créent et surtout s’inscrivent dans la famille recomposée. En effet, si l’on fait référence à totem et tabou de Freud, comment l’exogamie et l’interdit œdipien se mettent ils en place ?

En effet il serait « trop facile » de parler de pédophilie pour expliquer l’abus sexuel, ici, du beau père, soit un acte posé qui symboliquement serait considéré comme « incestueux ». Nous ne pouvons parler de pédophilie car les patients entretenus dans cet écrit n’évoquent pas d’attirance sexuelle pour des jeunes mineurs. Cependant une confusion des places, des rôles semblent souvent se montrer, ainsi que, chez le beau père, un vécu affectif précoce carencé.

Les patients ici ne présentaient pas de pathologies psychiatriques et ne déniaient pas les faits. Certains cependant les minimisaient ou encore les réfutaient via l’affect qu’ils portaient à cet enfant, ou encore exprimaient qu’ils ne savaient pas à ce moment là ce qu’ils faisaient, comme si l’acte posé n’était pas acté de façon consciente, soit dans une réalité commune. Les questions qui viendraient alors ici porteraient sur ce recul et par résonance, au discours entendu vis-à-vis des faits: serait ce par honte ? Culpabilité ?

La honte se différencie de la culpabilité par la présence ou l’absence du regard que l’autre porte sur l’acte. Dans la honte, l’autre sait et peut faire vivre une forme de jugement chez l’auteur de l’acte. La culpabilité elle, est en lien avec ce qui serait appelé communément la conscience. Si la question de la honte ou de la culpabilité se pose, cela signifierait il que le beau parent auteur de fait de mœurs présenterait une fragilité identitaire et narcissique inscrite indéniablement et sollicité par le contexte familial construit? Ou encore que la construction de cette place pourrait réinterroger des vécus et angoisses archaïques, vécu alors assimilable à une expérience psychotique ?

Jennifer BAUDRY, psychologue clinicienne

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