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Le Sacrifice. Propos d’un psychanalyste (?) en temps de catastrophes.

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Pierre EYGUESIER

samedi 21 mai 2011

Le Sacrifice

Propos d’un psychanalyste(?) en temps de catastrophes

Il n’est plus temps de lire. Un événement récent fait révélation. Énigmatique, glaçante. Avec des conséquences pour la psychanalyse, pour les psychanalystes(?) en temps de catastrophes au pluriel : Fukushima mais au-delà (tout comme Freud s’aperçut en son temps et dans son enclos, qu’au-delà du traumatisme avéré, de l’« agent provocateur », la « névrose » avait une longue histoire écrite par l’accumulation d’une « série de traumas »). Au-delà de la catastrophe en cours au Japon : Tchernobyl, la production industrielle de cadavres dans les camps nazis, Hiroshima et Nagasaki ; mais, au-delà encore, la catastrophe chronique d’un monde où l’homme devient chaque jour davantage l’esclave des machines qu’il a inventées.

Sacrifié à elles.

« Silhouette frêle au milieu des décombres » (Walter Benjamin), il échoue à imaginer et à concevoir ce qui lui arrive, se croyant libre et pensionné à vie de Bonheur universel Inc. D’autant plus sourd et aveugle à ce qui le fabrique, qu’il suce le lait sucré des mensonges par omission d’un réel d’un nouveau type : le réel terrifiant .

Je propose de nommer ainsi le réel que la science et ses applications industrielles et techniques ont ajouté au réel tel que le définissait Lacan : ce qui nous échappe et nous saute à la figure, nous colle aux basques (réel du corps, de la différence des sexes, de la division subjective entre le dire et le dit, entre l’énoncé et l’énonciation). Ou encore : le réel insensé, dont le surgissement à l’improviste fait se dérober le sol sous nos pieds. Angoisse extrême. Risque de basculer dans la folie comme ce fut paraît-il le cas de Cantor lorsque l’idée d’un calcul de l’infini (les nombres « transfinis ») s’imposa à lui comme un saut dans l’inconnu, dans la zone affolante du jamais-pensé-jusque-là.

Ou encore : réel comme « impossible à supporter » (Lacan toujours).

Mon idée, celle qui a mis le feu aux poudres de mes lectures et de ce que j’ai entendu et vu ici et là (j’y reviendrai) est la suivante : du réel insensé au réel terrifiant, un pas a été franchi au cours de cette période de l’histoire qui est la nôtre. Temps modernes ? « Troisième Révolution industrielle » (Günther Anders) ? En tout cas pas le temps du « pas encore » (Ernst Bloch), du tout finira par s’arranger, de l’espoir que les avancées de la technique nous épargneront le pire qui s’annonce ; mais, je le crains, le temps du déjà trop tard

Terrifiantes sont en effet les paroles et les images d’un film d’Emanuela Andreoli et Wladimir Tchertkoff sur Tchernobyl : Le Sacrifice . Les paroles d’un « liquidateur », d’abord. (Nul n’ignore  qu’ont été ainsi nommés les centaines de milliers d’hommes chargés de pallier la catastrophe de Tchernobyl, aujourd’hui relayés par les liquidateurs de la catastrophe de Fukushima). Rongé par les radiations, en proie à la dissolution de ses organes et de sa chair, il se plaint d’une défausse généralisée. De l’État soviétique qui empile mensonge sur mensonge, fausse promesse sur fausse promesse, qui mégote sur les doses effectivement reçues, sur les secours médicaux, sur les biens de première (un logement) et de seconde (une voiture qui lui permettrait de faire un tour dans la nature) nécessité. Des médecins qui observent la décomposition de son corps en avouant (c’est sa femme qui rapporte cela) leur incapacité totale à soigner, à enrayer ce mal inédit, non répertorié dans leurs livres de médecine ; des médecins qui se défaussent sur sa femme des indispensables soins quotidiens, la laissant seule face à un réel terrifiant, « inimaginable » (le mot revient à maintes reprises dans sa bouche) : des os qui affleurent à l’air libre et qu’il lui faut nettoyer avec de simples torchons. Défausse du monde tout entier qui voit tout ça de loin, à travers le filtre des statistiques, des précisions « scientifiques » sur les effets de la radioactivité (c’est donc vraiment dangereux, est censé comprendre leur auditoire), des débats à n’en plus finir sur les moyens les plus efficaces de réduire les risques d’accident (un déni, intrinsèque au discours des scientifiques n’est-ce pas, du sens même du mot accident)… Abandonné de tous, il rayonne d’appétit de vivre, de désir, et répète, d’une voix qui semble couler de source (« L’angoisse, dit Lacan, est ce qui ne trompe pas ») : cauchemar .

Cauchemar, cauchemar, cauchemar . À prononcer tel quel en russe, en ajoutant l’accent, le vocable étant manifestement le même en français et en russe. Côchemarrr… Traagédi aussi.

Il faut, je crois, regarder ce réel en face.

Avoir, à l’instar de Freud cauchemardant des « escarres blanchâtres semblables aux cornets du nez » au fond de la bouche d’Irma (je fais ici allusion au fameux rêve de L’injection faite à Irma, et plus précisément à l’une de ses images, assurément saisissantes, qui donne à Lacan dans son commentaire l’occasion d’y voir une confrontation du rêveur avec le « réel du corps »), il faut avoir, dis-je, le courage d’interpréter ce cauchemar, sans céder à la tentation de se bourrer de calmants, de vodka, de discours défensifs en tout genre : savants, politiques (au sens où chaque parti a concocté ses « éléments de langage » à destination de son électorat, au point qu’on a pu voir dans un récent rassemblement antinucléaire une militante du réseau Sortir du nucléaire lire d’abord un texte et se fondre ensuite au cortège en tenant d’une main le mégaphone et de l’autre la liste des slogans et mots d’ordre maison…) ; bref, sans donner cours, sans reprendre en sous-main le langage même de la catastrophe, le discours même dont elle est l’avatar ; sans expliquer, car la catastrophe est fille de l’explication à tout-va, sans argumenter, car la catastrophe est née de l’argumentation à tout-va, de l’aveuglement par les Lumières (dont seules les Lumières cela va de soi nous permettent de prendre la mesure), de l’incapacité de l’homme à n’être pas capable (G. Anders), à s’apercevoir, à travers la brume des larmes, que Prométhée est enchaîné.

Tout le monde, aujourd’hui, qui dit son mot sur Fukushima, est capable d’en dire quelque chose. L’angoisse est calée sous une dalle de béton, noyée dans un flot de discours éristiques, dans une rhétorique du : c’est moi qui ai raison.

Moi, moi, moi. Ou mon parti. Émoluments du désastre.

En face, la parole du liquidateur (en fait, on l’aura saisi : liquidé, comme notre monde où, selon la fameuse parole de Marx, tout ce qui est durable et permanent part en fumée). Cauchemar, cauchemar.

En face également, devant les spectateurs de ce film, un abîme s’ouvre lorsque survient une image que je voudrais, à la suite des éclaircissements opportuns de Georges Didi-Huberman dans le second volume de ses Images malgré tout , rendre « lisible ».

Parmi les quelques images d’archives mises à contribution dans Le sacrifice , le balayage par une caméra (sans doute pilotée par un robot étant donné la radioactivité élevée persistante dans les galeries creusées sous la centrale par les liquidateurs afin d’y couler une dalle de béton) du Monstre. Oui, du Monstre. Comment dire cela, alors que je ne puis mettre en regard (comme le fait G. Didi-Huberman lorsqu’il place des plans de films d’Haroun Farocki tout à côté de ses analyses sur la lisibilité des images) une image de ce que j’appelle un monstre ? C’est un alien , en fait. Le frisson qui vous parcourt le corps quand cette image se dresse devant vous, c’est en effet, je crois, celui qu’ont cherché à produire chez le spectateur les réalisateurs de la série des Alien. Une Chose, appelons-la comme ça. Mais à cette différence près qu’Alien est une sorte de reptile humain, alors que le magma de matière au repos mais potentiellement en fusion (le cœur du réacteur fusionné est surveillé de près car la réaction en chaîne est toujours susceptible de redémarrer) se présente, saute aux yeux comme… un placenta.

Comme le placenta de l’inhumanité.

C’est presque indicible. C’est de la matière violacée, avec des replis, comme ces personnages des films de Spielberg réduits à des empilements de replis graisseux, parsemés d’escarres, suintants, dépourvus de forme, d’âme dirait-on en songeant à la définition d’Aristote (« L’âme, c’est la forme du corps »), et donc « informés » par une perpétuelle menace d’expansion. C’est de la matière, mais elle semble palpiter, non, sur le point de palpiter. C’est à la fois la Chose même et un eidos, une figure, une idée de la matrice du monde. Das Ding .

Mais – ceci est décisif – une Chose que les hommes eux-mêmes ont ajoutée au réel. Et qui contient de quoi « rendre impossible toute vie dans l’Europe entière si elle venait à exploser ». Et qui contient du Plutonium, un « novum » (G. Anders), un élément physique qui n’a jamais fait partie de la phusis – il a été créé par l’homme et il est impossible d’en être quitte pour des siècles et peut-être même des millénaires. Pluton…

« C’est inimaginable », dit, on le sait maintenant, la veuve du liquidateur lorsqu’elle tente d’exprimer les conséquences de l’explosion de la centrale pour son petit monde à elle, humain trop humain certes, et pourtant déjà saturé de barres d’immeubles grisâtres qui, déjà, donnent une idée assez nette de l’enfer sur terre.

Cela et le reste (le déchaînement du réel sous ses multiples aspects, climatique, biologique, informatique), on ne peut ni l’imaginer ni le concevoir. Personne ou presque, aucun Navi, aucun Nazir (les prophètes extatiques démilitarisés ou guerriers du judaïsme antique) d’aujourd’hui, n’est là pour intercéder entre le Montre et l’humanité. On dirait que ce dernier a pris la main, qu’il mène la danse, et qu’autour, le monde entier ou presque dort. Repu d’arguments, de prévisibilité et de rationalité.

En jargon lacanien, on pourrait dire que l’objet a s’est autonomisé. L’objet de la perte, cette livre de chair qui doit être abandonnée par l’homme afin que sa parole soit mise en musique, soit soutenue par une causalité sans cause, ne se présente plus que sous la forme de l’objet de saturation. Généralisation du manque du manque (d’où la réplique des pronucléaires en passe de se banaliser : « Vous voulez donc retourner à la bougie ? ! »). Omniprésence de la « lamelle » chosifiée, de cet avatar du placenta humain qui est notre complément in utero et qui vient, si l’on se souvient des phrases les plus expressives de Lacan à ce sujet, nous visiter dans nos cauchemars, glissant sous la porte de notre chambre à coucher et répandant son froid glacial sur notre épiderme. Invasion de ces « lathouses » (mot forgé par Lacan à partir de l’ Ousia et de l’ Alètheia des Grecs), de ces objets techniques qui « envahissent le réel » sans que nous puissions faire autrement que d’en « prendre livraison » (G. Anders encore) : ordinateurs, téléphones portables, satellites de radiodiffusion et de surveillance, OGM, clones, réseaux hertziens… Triomphe de la production, du « plus-de-jouir » à entendre sous son versant cumulatif, accumulateur – et destructeur à terme non pas seulement de la civilisation mais de l’humanité elle-même.

C’est tout cela (l’objet a, Das Ding , la lamelle, les lathouses), que rassemble à mon sens le magma tapis dans les entrailles de Tchernobyl. Un mixte d’abolition du manque, de la chose maternelle, de notre complément à jamais perdu, et des nova produits par la technique. C’est tout cela à la fois que le cauchemar du liquidateur fait sauter à la figure. Réel insensé et, plus, terrifiant, parce qu’il est inscrit à son programme, qu’à la différence du réel « lié » (au symbolique et à l’imaginaire), il soit, lui, pour la première fois dans l’histoire des hommes, délié, déchaîné . Inimaginable comme l’est tout réel, non symbolisable également, mais, pour la première fois dans l’histoire des hommes, sans espoir de retour. Ce qui est en cours, ce dont est tissée depuis quelques décennies la série des traumas évoquée plus haut, nous indique que, pour la première fois dans l’histoire des hommes, et suivant la définition que J. Lacan donne du cauchemar, il sera un jour impossible de nous réveiller du réel pour nous rendormir à la réalité .

Le liquidateur ne peut tirer la « sonnette d’alarme » (Freud) qui mettrait un terme à son cauchemar. Pour dire les choses simplement : s’il veut se réveiller de ce réel-là, il tire la sonnette d’alarme, ouvre les yeux, boit un verre d’eau radioactive et respire par sa fenêtre entrouverte un air mortellement empoisonné.

*

Un pas de plus pour terminer. Je pense en effet qu’un psychanalyste(?) en temps de catastrophes doit, s’il persiste à prétendre que son acte ne consiste pas et ne consistera jamais à adapter son analysant à ce monde-là (où clapote un réel terrifiant), doit s’armer d’une nouvelle théorie du refoulement.

J’en veux pour preuve ce qui s’est produit pour  moi à l’issue du débat qui a suivi la projection du Sacrifice . Les débatteurs dans leur quasi-totalité rivalisaient de paroles convenues, déjà entendues, amorties avant même d’avoir été dépensées. Sans doute devaient-ils fuir l’angoisse que le film n’avait pu manquer de déclencher au plus profond de leur âme. Sans doute préféraient-ils se « rendormir à la réalité ». Soit. Ils étaient tous parmi les meilleurs, ces quelques-uns rassemblés dans une salle obscure alors que le soleil d’un mois d’avril exceptionnel retenait la majorité dans des occupations futiles. L’ambiance du débat devenait étouffante, la cacophonie irritante, anxiogène. Ce qui manquait en fait, ce sont en fait les mots qu’un analysant « s’extrait du corps » (Pierre Legendre) quand sa cure le met aux prises avec le réel de la chose incestueuse…

Il fallait s’extraire de ce magma. Il m’est advenu de le faire parce que je ne pouvais faire autrement, parce que, aussi, les interventions vives et coléreuses des deux personnes qui m’accompagnaient avaient préparé le terrain. Il m’est advenu de dire qu’il fallait changer de ton, et de le prouver. « Des hommes sont liquidés et nous ergotons », était ma pensée source. Je me suis reporté au film et à la charge qu’il faisait peser sur nous. Et j’ai conclu par : « Nous sommes peut-être tous des morts en sursis ».

Levée du refoulement. Mise à distance de la Chose. Par une parole « politique ». Si nos parents, me suis-je dit après coup, si les parents des enfants de la troisième génération (d’après la Shoah), si nos éducateurs, si les hommes politiques qui batifolent aujourd’hui sur les médias, si les psychanalystes eux-mêmes qui nous serinent le couplet de la « chute de l’objet du fantasme » (et de sa résurrection sous la forme de l’objet a négativé, du « moins de jouir ») n’ont jamais, ou seulement par intermittences (Lacan autour de Mai-68, Freud dans son Malaise ) pris la mesure de l’envahissement du monde par un réel d’un nouveau type, un réel terrifiant, alors ils n’ont jamais prononcé les mots qui pouvaient nous abriter, nous tenir à distance, nous donner une chance de faire front à la Chose.

Reconduction du refoulement dans les cures, par omission du réel terrifiant (ainsi Melman s’emploie-t-il à dénoncer le sujet contemporain en proie à la « toute-jouissance » sans soupçonner que celle-ci est une conséquence indirecte, par douceur et compensations interposées, de l’omnipotence de la technique ; ainsi J.-A. Miller parle-t-il ces derniers temps du réel insensé sans réaliser que l’objet de l’angoisse a changé de nature, et que les situations de « déprise sociale » dont il se préoccupe seulement pour en ramener en dernier ressort les causes au sujet, portent toutes la marque du déchaînement d’un réel terrifiant).

Je propose en résumé de tracer une équivalence entre la mise à distance de la « chose freudienne » (par la parolisation de la jouissance, selon l’heureuse forme de Nestor A. Braunstein) et la levée du refoulement dans la parole publique – mettant à distance la chose technique sous tous ses aspects de maîtrise : maîtrise de l’angoisse, de la production à tout-va, des conséquences multiples et aujourd’hui quasiment indénombrables du réel terrifiant.

Il est temps d’en finir avec les propos savants et rassurants. Mais n’est-il pas trop tard ? Ah si la France, tête de pont mondiale du nucléaire, se réveillait… Etc.

Pierre Eyguesier

PS/ Une conversation avec M. me dicte un post-scriptum. Les nucléaristes ont, paraît-il, lancé au moment de l’installation en France du « parc » des centrales nucléaires (en fait, des « bombes à retardement », comme les appelle G. Anders), l’idée que ceux qui s’y opposeraient seraient en fait des fous (déjà lors de période du judaïsme antique, les brigades de l’ordre religieux mettaient dans un même sac les prophètes et les fous). Ils ont même à cette fin, m’a précisé M., promu le vocable de « nucléarophobie ». C’est saisissant. La boucle est bouclée. Aucun espoir de sortie, comme dans l’univers paranoïaque. M’est en effet revenue à ce moment de notre discussion une séance (une unique séance, on verra pourquoi) avec un jeune homme qui m’assurait, froidement, rationnellement, avec beaucoup d’aplomb et de calme, qu’il devait subir dans les prochains jours à la Salpêtrière une opération hautement scientifique (une implantation d’électrodes dans son crâne préalablement décalotté) dont l’avenir de l’humanité dépendait. « C’est un peu fou, non, ce que vous me dites là », lui ai-je (maladroitement) répliqué. À quoi le jeune homme bien mis m’a répondu « Ne vous inquiétez pas. Mon grand-père (c’est lui qui, un jour où il avait chuté de son berceau, lui avait prédit ce destin de messie de la science) m’a prévenu que, chaque fois que je m’exprimerais à ce sujet, je me heurterais à des remarques du genre de la vôtre. Pas de souci, donc. Je suis loin d’être fou, et dites-vous bien que si je suis là, c’est contraint et forcé, etc. » Parfois, en écoutant les débats autour du nucléaire, la même impression qui m’avait alors saisi se répète : nous avons accompli un tour complet en arrière : de l’univers infini au monde (paranoïaque) clos. Et si la monade de la technique triomphante était réellement sans fenêtre ? Brrr.

PS2/ Je n’ai pas vérifié les citations de ce texte, qui toutes ont été faites de mémoire, comme dans une prise de parole… Nourrie bien sûr de nombreuses lectures (dont la dernière, importante, L’Obsolescence de l’homme, II, de Günther Anders) et de réminiscences de l’enseignement de Lacan. Parmi mes hypothèses, celle du « placenta de l’inhumain » composé de l’objet a, de Das Ding , de la lamelle et des lathouses lacaniennes, ou celle du « réel terrifiant » feront sans doute sourire un lacanien expert. Peu me chaut. Ce qui m’importe le plus, en fait, c’est l’idée d’une levée du refoulement à double détente : dans la cure et dans l’agora, la seconde permettant d’ aufebunguer ce qui s’est réalisé tout au long de la première, au prix malheureusement de l’érection d’un enclos phobique. Faire vibrer la parole issue du divan dans un monde globalement hypnotisé par la « réalité », par le positivisme des savants et des politiques, ce pourrait être en somme la reprise (décalée de l’art à la cure) du destin d’un Jean Genet. Seul l’art, disait-il, donne un accès à la vérité, ce qui ne l’a pas empêché de consacrer les quarante dernières années de sa vie comme « ennemi déclaré » du mensonge hégémonique.

PS3/Le film Le sacrifice est visible sur internet. Pour le trouver, il suffit de taper sur Google : Wladimir Tchertkoff, Le Sacrifice. 

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