Ce matin démarre à Psychasoc un stage sur l'approche des psychoses. 12 personnes... Belle semaine en perspective. Mon camarade Jacques Cabassut, prof de psychopatho clinique à Nice, s'y colle pendant deux journées et moi le reste de la semaine. Dans un moment où l'Etat se désengage des soins psychiques, pond un V ème plan autisme complètement refermé sur les méthodes cognitivo-comportementales, il y a urgence à rappeler qu'il existe une voie d'accès dans le traitement des psychoses, par la psychanalyse, la psychologie clinique, la psychiatrie humaniste...
Je joins ici le texte de présentation du stage pour le soumettre à la discussion:
Les psychoses ont largement débordé le champ de la psychiatrie, qui n’arrive plus à les accueillir, dans un contexte de régression de la médecine vers des pratiques de camisole chimique, et, comme le dénonçait Lucien Bonnafé, père du secteur, d’externement abusif. Le contexte social, sous la mainmise du discours de la science, favorise largement les décrochages psychiques. Les psychotiques, dits «handicapés mentaux», en grande souffrance d’insertion sociale et relationnelle, se retrouvent un peu partout dans le champ traditionnel du travail social. En IME, en ITEP, en MECS, etc., pour les plus jeunes, en CHRS, ou les divers services sociaux pour les adultes, la question de l’accueil et du traitement du « fou » dans sa différence et son droit à occuper, comme citoyen et comme sujet, une place dans la société, se pose de façon cruciale. Les professionnels du champ social, habitués à d’autres populations, sont souvent bouleversés dans leurs savoirs et leur savoir-faire. Il s’agit donc d’apprendre aujourd’hui, sous l’éclairage de la psychanalyse, dans quel monde vit un psychotique. Quelle est la logique interne à la psychose ? Comment aborder et accompagner les sujets qui en souffrent, dans une relation transférentielle souvent complexe ? Comment ouvrir des espaces de médiations socio-éducatives, en concertation avec les services de psychiatrie, qui prennent en compte l’accompagnement d’un sujet dans toute sa singularité. Un pacte social est à inventer qui laisse sa place aux plus démunis d’entre nous. Notre société à force de prôner des modèles et des normes « clean » des comportements sociaux, produit largement la ségrégation de ceux qu’on a beau jeu alors de taxer d’anormaux. La psychose dans ses diverses manifestations n’est finalement qu’une des modalités de structuration de l’être parlant.