Laurent Le Vaguerese, signataire de ce billet (auto ?) hagiographique sur Alain Didier-Weill, nous propose comme à son habitude, avec ses gros sabots, une légende dorée du lacanisme "progressiste" et "subtil", dans laquelle d'aucuns, comme ici Janine Chasseguet-Smirgel et Bela Grunberger prennent figures de repoussoir... grossier et réactionnaire of course... Et bien il me plaît de dire que si, à certains égards je ne partage pas toutes les propositions de ces deux auteurs développés dans leur remarquable et courageux ouvrage de 1969 intitulé "L'univers contestationnaire" (que je viens de relire), je considère avec eux, comme l'estime aussi Legendre, que la psychanalyse est une affaire juive...
La découverte freudienne, "réanimant l'OEdipe" (et à ce titre rencontrant les plus lourdes résistances, résistances visant aussi bien à écarter qu'à digérer le conflit, au prix de quelques sacrifiés..., seraient-ils les juifs... ), s'inscrit bien davantage dans la filiation juive du rapport à la Loi que dans cette confusion des registres du symbolique et du réel propre au christianisme.
Et j'ajoute, fait considérable relevé dans cet ouvrage, comme le développera aussi Legendre dans ses Leçons II (L'empire de la vérité), qu'il y aurait bien en effet à réfléchir et à s'interroger
1)sur ce qu'il en est de l'OEdipe christianisé, autrement dit de la façon dont, dans le familialisme chrétien, dans et par l'économie de l'obéissance et de la pénitence, l'OEdipe (=la culpabilité du désir) se trouve comme purgé... Ce que j'appelle la fabrique des innocents : ce mode de "gouvernance" dont la gestion supervisée des servants (= des "ressources humaines") est aujourd'hui, sous des références diverses, la continuation...
et 2) sur ce que prolonge de cette même économie de l'OEdipe christianisé, de l'OEdipe effacé, escamoté -- c'est-à-dire de ce même type de gestion du désir et de la culpabilité, "innocentant" la mère et le fils--, ce nouveau légalisme, libéral-libertaire, auquel emboîte le pas, à des degrés divers, une psychanalyse révisée... Une psychanalyse rendue sympathique parce qu'aveugle, oedipiennement aveugle...
Voilà qui pourrait conduire à reconsidérer de façon plus analytique, sans jugement, à distance de la sauce idéologique lacaniste, à partir de sa biographie (de ce qu'il en a rendu public, par exemple autour de son nom propre), le trajet et les prises de position d'Alain Didier-Weil...
Modif. 4 fois. Derniere modification le 30/11/2018 15:14PM par Daniel Pendanx.