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Quand c'est fini ni ni ça recommence...

Envoyé par Daniel Pendanx 
Quand c'est fini ni ni ça recommence...
13 May 2018, 22:32PM
Nini, quand c'est fini ça recommence...

J'ai écrit ce titre moqueur, qui s'est imposé, sur l'air des lampions. Et puis je me suis souvenu d'où il me venait, pas seulement de la chanson enjouée de Léo Ferré...

"Ça" recommence, cela a bien sûr à voir avec la relance théologico-politique de ce forum sous le signifiant on ne peut plus confusionnel et attrape-tout de "psychasoc". Mais là où "ça" gouverne, "je" doit (ou si j'ose dire, je dois), "advenir". Entendez, l'interprète doit advenir...

Charles Melman, confronté dans le groupe qu'il a fondé à la même confusion, à la même perte et dilution du vif (et des limites) de la psychanalyse dans le social, disait il y a peu combien cela toujours débouche sur l'impasse inhérente, en politique (car de politisation de la psychanalyse il s'agit bien alors), au discours du maître. Le maître jouissant du pouvoir et manipulant le transfert, en surfant sur le malaise...

Les quelques rares lecteurs intéressés par ce que je tente ici de faire résonner - les audacieux de la marge, et pour autant soucieux de la puissance médiane des fonctions et des institutions - peuvent écouter sur le site de l'ALI (dans la video de l'intervention de J.J. Tyszler, lors des journées intitulées " où donc suis-je chez moi?", consacrées à la question du migrant et de l'exil) la mise au point finale, on ne peut plus acérée et roborative, de Melman.
Re: Quand c'est fini ni ni ça recommence...
14 May 2018, 06:28AM
Eh oui, cher Daniel, ça recommence. De ton côté les toujours mêmes rengaines (mais je ne dis pas: rengaine! comme on le dirait à un cow boy de son pistolet; l'expression est ouverte, dans les limites qui s'imposent à tout à chacun, définies par la loi). On voit poindre deux courants: la psychanalyse pure et... l'impure. Papy Freud avait largement ouvert le bal en maintenant ouvertes les deux directions. Lire par exemple ses travaux de type sociologiques: Malaise dans la civilisation, Psychologie collective et analyse du moi (voire des fins de moi!), L'avenir d'une illusion etc... Comment pourrait-on pépère dans son cabinet se désintéresser de ce qui se passe dans la cité, alors que l'espace de la cure, qui n'a rien d'un bunker, en est imprégné? Lire par exemple: Psychanalyse négative (Pierre Eyguésier, qui fut en son temps formateur aux CEMEA) ou de la même veine, et plus récent : L'héritage politique de la psychanalyse (Florent Gabarron-Garcia) ou faire un tour sur la nouvelle association que nous venons de créer à Montpellier: www.psychanalyse.org. J'aime bien Melman, mais c'est un psychanalyste à l'ancienne, qui se prend un peu pour dieu le père...



Modif. 1 fois. Derniere modification le 14/05/2018 06:29AM par Joseph Rouzel.
Re: Quand c'est fini ni ni ça recommence...
15 May 2018, 10:39AM
Dans l'intervention de Melman évoquée ci-dessus il y a un passage clef, celui d'une distinction, celle entre, non pas la psychanalyse pure et l'impure, mais, comme Freud, Lacan, n'ont cessé de s'y employer, entre disons, sans crainte de passer pour dogmatique, entre ce qui fait qu'on y est et ce qui fait qu'on y est pas, et qu'on se rabat alors sur des formes d'exercice du discours et de sa fonction qui sont celles du pouvoir du maître. Ce pouvoir du maitre, s'exerce-t-il sous la figure de l'anti-maître -- comme ceux qui, faisant flèche de tout bois, se font les héraults politiques de l'anti-dogme, de la créativité, de la "juste lutte" et de la modernité --, est toujours producteur d'un juridisme occulte : d'un discours qui pour venir légitimer le fantasme s'octroie le droit de manipuler son semblable pour le "Bien".

Je cite Melman : "Nous sommes dans une situation étrange en tant que psychanalystes. On entend très très bien, quand est ce qu'on y est et quand est-ce qu'on en est sorti, quand est-ce qu'on est ailleurs. Et c'est un processus qui marque toute l'histoire de la psychanalyse, ne serait-ce que pour une raison très simple, c'est qu'on ne peut pas être un marginal permanent comme l'est le psychanalyste. Il est inévitable que l'on puisse souhaiter rejoindre le propos et le discours social, c'est à dire ce qui est réglé par le discours du maître. Et que finalement on ne connaît pas d'engagement politique qui ne se soit terminé par la victoire du maître."

Mes nombreux textes sur ce site témoignent d'un parcours et d'une élaboration - l'élaboration d'une voie (voix)"politique" qui est celle de l'interprète (la politique de l'interprète) - qui, tout en ouvrant une autre porte (porte ouverte par "le pas de Legendre"), font résonner la même leçon que celle que soutient là Charles Melman.

J'ai eu au début l'illusion de pouvoir inscrire et élaborer ici avec Rouzel une certaine alliance. Et cela en raison, il me faut bien le reconnaître après coup, d'une accointance "militante" encore mal reconnue, mal analysée : je l'ai souvent dit sur le forum Rézo, je me considère comme un retardé!). J'ai pensé pouvoir l'intéresser, comme quelques autres, à partir des questions et des cas abordés, à cette autre voie, celle de la puissance politique du tiers neutre, et cela en prenant en compte la Question juridique et institutionnelle dans son rapport à la Loi (loi du langage) et à l'enjeu de "justice généalogique".

Mais cette voie était et reste de toute évidence trop modeste, pas assez exaltante sûrement pour ceux qui restent fixés idéalement aux grands combats des anciens, dans leur identification héroïque de "sauveurs", rejoignant ainsi à leur insu le vieux courant bourgeois philanthropique, celui des petites sœurs des pauvres, sur lequel surfe le Management...

La suite à montré tout ce qui nous sépare, et dont les vicissitudes, d'abord sur les forums de ce site "psychasoc", puis sur le forum du site Rézo, m'ont permis de mesurer disons l'économie, qui a je crois profondément à voir avec le refoulement de la perversion, avec ce que chacun ne veut et ne peut "regarder" de sa propre perversion. Il n'est d'ailleurs pas anodin que ce terme de "perversion" paraisse banni des milieux analytiques, et reviennent dans le discours social sous les seuls traits (externalisés) du "pathologique"... Ces milieux, qui se veulent parfois si "révolutionnaires", ont en fait adapté leurs discours, comme Lacan le vit venir très tôt, aux tendances culturelles du temps, soient elles porteuses des nouvelles ségrégations.

Je sais aujourd'hui mieux que hier combien l'anti-normativite (ou anti oedipisme) qui noue tout ce monde "jeune", "nouveau", "moderne", macére dans un oedipisme dont il est vain de penser les délivrer comme d'en délivrer nos semblables, sinon à le renforcer. Mais pour autant, il ne peut s'agir de se taire...
Re: Quand c'est fini ni ni ça recommence...
25 May 2018, 15:17PM
Que fait-on quand Dieu est mort (Nietzsche), que l'Autre n'existe pas (Lacan), que l'homme, au sens de l'honnête homme n'existe plus (Foucault), que les dieux sont tombés sur la tête (film) ... ? On peut jouer de la nostalgie, mais c'est une douleur (une algie, comme la lombalgie) sourde, la douleur du "c'était mieux avant", et quand on pousse trop loin, ça donne l'envie d'y revenir à cet avant fantasmé et d'introduire un ordre de fer et de faire marcher tout le monde au pas ; on peut jouer aussi du "ça sera mieux demain", ça chante les lendemains sur l'air de "demain on rase gratis"... Je ne suis ni de l'un, ni de l'autre, j'essaie de composer avec le monde tel qu'il est, plein de bruit et de fureur, une histoire racontée par un idiot à des idiots... Alors à quoi se raccrocher? Einstein nous avait bien averti il y a un siècle, c'était en 1905, avec sa théorie de la relativité restreinte, puis plus tard généralisée. ça se traduit en langue vernaculaire, bien d'chez nous: tout est relatif! Cela veut-il dire qu'il n'y a plus d'ordre, que tout fout le camp, comme le clament d'aucuns sur tous les tons? Certes non. Einstein dit que pour qu'il y ait un uni-vers, n'importe quoi peut faire centre, pas forcément le soleil, ni la terre, ni, ni... Alors quoi en ce qui regarde l'humain, qui ne cesse de projeter au ciel une connaissance de soi sans le savoir. Une relativité généralisée à l'univers et à un de ses habitants, sorti de l'humus, ça donne quoi? Si ne n'est qu'il faut à chaque fois, à tout nouveau petit d'homme qui vient sur terre trouver son centre de gravité, avec les moyens du bord., alors qu'il était jusque là fourni clé en main par une belle invention humaine: des dieux, dieu, des chefs, des papes et des grands lamas, des pères, de l'UN... Et pourtant il faut bien vivre avec les autres. C'est la quadrature du cercle: comment préserver la singularité de chaque petit d'homme, faire qu'il ne disparaisse pas dans la masse (voire la nasse) tout en préservant le collectif des mises en pièces du soi-disant in-dividu (qui ne serait pas divisé par la parole et le langage)? Bref sortir de l'impasse autant du communautarisme que de l'individualisme? Aujourd'hui ça n'est plus donné tout cuit, y'a nécessité d'inventer... Les moyens du bord, on les a peut-êre oubliés, c'est que l'homme est un animal parlant. Quant tout a chu (chut!) il demeure cela: un corps parlant, ce qui constitue un appareillage à la fois comme-UN et distinctif. Ce qui nous unit (le sun-bolon des grecs anciens) c'est aussi ce qui nous divise. y'a une faille, pas une faillite dans la civilisation.
Re: Quand c'est fini ni ni ça recommence...
25 May 2018, 17:25PM
Si l'on voulait bien considérer, selon un mot de JB Pontalis, qu'il n'y a que l'homme mort qui ne croit pas, autrement dit, contrairement à l'athéisme niais fierement proclamé de tant de nos contemporains, que nul ne peut échapper à la structure inconsciente de la croyance (la croyance au Père idéal et à la Mère-toute, la Mère phallique) - structure qui est le carcan du sujet, le carcan du transfert - on aborderait l'histoire de la "mort de Dieu" , en interprète, avec plus de prudence...

J'en ai tellement entendu et vu de ces ravis du narcissisme occidental, prétendant qu'à la différence de nos pauvres cathos comme de ceux d'en face, les islamistes, nous étions nous, les enfants de la science et pour certains, de la psychanalyse, exempts de toute "religiosité fondamentale"... Comme si sous le mot "science", ou celui de "psychanalyse", il n'y avait pas du mythe subjectif (de la croyance) qui s'engage...

Alors quand un ou une de mes collègues me demandait, ça leur arrivait en raison de ma façon parfois de parler de Dieu, du désir politique de Dieu qui porte et continue de porter (y compris sous d'autres Noms) notre espèce, l'humanité parlante et désirante, de me demander donc si je croyais en Dieu, je répondais, toujours moqueur et souriant, que oui, bien sûr. Et je ne manquais jamais d'ajouter deux choses :
D'une part que je croyais en Dieu parce que lui avait une grande supériorité sur (par exemple) le directeur, le juge, le psychiatre..., c'est qu'il n'existait pas...
Et puis que pour autant pour moi il n'y avait nul doute sur le fait que nul "paradis" n'est à l'horizon de l'après-vie. La mort qui vient, on l'a déjà connu, quand on n'était pas encore né.

Des choses dites comme cela, je trouve qu'à la différence de ce que je lis si souvent sous la prose lacaniste, versus déguisé du discours du Maître, ce n'est pas fait pour vous en boucher un coin, en verrouillant le transfert institutionnel, l'amour politique...

(Il y a un texte qui a été pour moi un support majeur de mon élaboration en cette affaire, c'est celui de Guy Rosolato sur le "complexe de croyance". Un texte écrit en rapport étroit avec sa propre traversée du lacanisme.)



Modif. 2 fois. Derniere modification le 25/05/2018 17:29PM par Daniel Pendanx.
Re: Quand c'est fini ni ni ça recommence...
04 June 2018, 11:26AM
C'est dans les années 70 que Lacan lança son diagnostic d'un monde où le complexe d'Oedipe (surtout complexe de Freud) n'aurait plus de sens. Quelles en sont les conséquences? Sur la structure de la famille, les fonctions paternelle et maternelle, l'origine, la filiation , la transmission etc Le genre au-delà d'un binaire homme/femme, la PMA, le marché de la reproduction etc ont modifié la donne. On peut le regretter, le déplorer, s'élever contre... Mais notre monde à changé. Comment penser, comme nous y invite Mustapha Safouan dans son dernier ouvrage, une civilisation post-oedipienne?
Re: Quand c'est fini ni ni ça recommence...
04 June 2018, 14:55PM
Se servir ainsi d'un Lacan critique de la conception psycho-réaliste de l’œdipe - conception quelque peu objectiviste et simpliste de l'oedipe, qui en effet peut être tirée de certaines imprécisions de Freud (faudrait-il encore voir comment le texte de Freud est lu (ce pourquoi Lacan put dire, pour tenter de déjouer le psychologisme de ses élèves, "l'oedipe est le rêve de Freud! Ce qui ne veut pas dire "l'illusion"), et conception qui suppose que le seul opérateur structural de l’œdipe soit le père réel (réduisant ainsi l’œdipe, comme l'inceste d'ailleurs) à la seule sphère familiale (ce qui est circonscrire la psychanalyse dans l'ordre du familialisme, soit-il un familialisme social) - pour prétendre que la problématique nodale de l'institution du sujet de la parole, parce que "le monde a changé" (sous le nazisme aussi il avait changé n'est-ce pas!), n'est plus la problématique œdipienne de la Loi, est une manière de chercher à rendre la psychanalyse "sympathique" : de l'adapter aux tendances culturelles du temps, celles du triomphe de l'affect anti-généalogique comme dirait Sloterdijk... A quel prix? Celui de fermer les yeux sur le caractère proprement œdipien (incestueux et meurtrier) de l'anti-oedipisme... André Green l'avait fort bien signalé : l'anti-Oedipe ce n'est qu'une façon d'y demeurer, dans l'oedipe...

Je me souviens là de la première fois que je t'ai rencontré Joseph, te signalant tout mon intérêt pour l'apport de Legendre. Tu eus ce mot : "ah oui, Legendre, mais il fait consister le père...". Le lendemain, bis repetita avec Lebrun! C'était la formule consacrée, qui circulait dans les milieux déjà très "avancés" du lacanisme. Mais celui qui cherchait à le faire consister ce "maître", à la "place d'exception" n'est-ce pas, ou de "superviseur" social, en produisant un juridisme méconnu comme tel(sous discours théologico-politique), n'était pas celui qui se trouvait ainsi désigné comme du "temps ancien"...

L'opérateur structural qu'est le père dans l'oedipe ce n'est pas tel ou tel père concret, même si naturellement celui-ci en demeure l'agent privilégié, mais la fiction légale du père! Et ce qu'il convient de défendre n'est pas le retour à je ne sais quel familialisme (dont l'homoparentalité n'est qu'un retournement ridicule!), mais la structure langagière, dont le droit est comptable! Voilà ce qui reste profondément incompris, et conduit à conclure que puisque la perversion (la dite "nouvelle économie psychique") tend aujourd'hui à remplacer la névrose, et bien, le père réel étant plus que jamais réduit à la mama-bis, l'oedipe est terminé, fini...

Allez, deux petites citations qui, a contrario de la méconnaissance instituée, contredisent tellement la caricature produite :

"Devant des catastrophes subjectives exprimées par le crime ou le meurtre de soi, qui laissent entendre toujours quelque impasse généalogique, on évoque désormais le dysfonctionnement familial. Parler de la sorte, c’est nourrir l’illusion qu’une théorie gestionnaire puisse rendre raison de l’office du père comme d’une fonction bureaucratique, et ruiner par avance le statut de fiction – devenu absolument opaque à la réflexion contemporaine – sous lequel prend place la catégorie juridique du père ; aussi bien un tel discours ne manque-t-il pas de produire son effet : il disqualifie l’instance du Père et tout agencement substitutif, en tant que tiers de la parole, dans ce théâtre œdipien qu’on nomme une famille. » (1989, Le crime du caporal Lortie. Traité sur le Père, p. 168)

« La débâcle généalogique des nouvelles générations et les effets qu’elle induit sur le fonctionnement social ne peuvent mobiliser une pensée digne de ce nom, si la problématique de la filiation n’est pas redessinée dans toute son ampleur, autour de l’axe institutionnel : la question du Père. Contrairement au schéma accrédité par une psychanalyse de bazar, nos sociétés ne cherchent pas à éliminer le père (social et concret), mais à se débarrasser de la question en ruinant son statut de tiers œdipien. La dernière version de l’annulation du père, c’est la promotion, sous prétexte d’égalité des sexes, de la paternité sur le mode de la maternité, comme une qualité de la « parentalité », concept qui frise l’absurdité. Autant dire : faire du père et de la mère des pions interchangeables, ce qui signifie dans la représentation, l’inassimilable pour les enfants. Autant dire sur le plan théorique : annuler le père comme tiers et comme fiction de la négativité." (1992, Les enfants du Texte, Etude sur la fonction parentale des Etats, p.430 )
Re: Quand c'est fini ni ni ça recommence...
05 June 2018, 06:46AM
Tu peux aussi te demander ce que ça peut bien signifier "faire consister le père...". Je ne savais pas que JP Lebrun t'avait renvoyé la même chose. C'est un complot! Lacanoïde, qui plus est. Tu peux aussi te demander ce que signifie: se passer du père, à condition de s'en servir... Débâcle, catastrophe... ces mots sous le plume de Legendre, à qui tu emboites le pas, ne font-ils pas écran pour voir ce qui se passe?



Modif. 1 fois. Derniere modification le 08/06/2018 14:17PM par Joseph Rouzel.
Re: Quand c'est fini ni ni ça recommence...
13 June 2018, 11:11AM
"La vraie formule de l'athéisme, disait le cher Lacan, ce n'est pas Dieu est mort, mais Dieu est inconscient".

La question reste de savoir comment nous recevons et comprenons cette formule, dont je ne me souviens pas, si jamais je l'ai su, dans quel fil, quel contexte, Lacan la donna.

"Dieu est inconscient", cela ne vient-il pas signifier-- comme je le soutiens et le soulignaient les analystes cités plus haut (Pontalis :"il n'y a que l'homme mort qui ne croit pas"; et Rosolalo analysant l'économie inconsciente du "complexe de croyance") --, qu'il y a une prétention commune, fort naïve, à se dire "athée "?

Dieu est inconscient, la formule peut être prise de plusieurs façons, qui à mon sens se rejoignaient dans l'esprit de Lacan. En la prenant au plus simple et au plus direct, comme de quelqu'un dont on dit "il est inconscient", elle vient d'abord signifier qu'il n'y a nulle volonté consciente de Dieu, que Dieu ne se sait pas et ne sait pas si l'on peut dire ce qu'il produit. Et cette formule engage également l'idée que Dieu est une instance logique dans l'inconscient, une instance qui lui est constitutive. Dieu (ou tout équivalent de cette instance logique du Grand Autre absolu) ne peut dès lors, tel "le grand cercle de l'inconscient qui enveloppe le petit cercle de la conscience"(Freud), être disons éliminé, éradiqué...
La véritable émancipation, ou plus exactement, le véritable processus infini d'émancipation, ne peut dès lors tenir à un athéisme qui considèrerait la "mort de Dieu" comme signant l'accomplissement de la sortie de la religion , de la croyance , mais bien davantage, en plus grande vérité et modestie, à l'élaboration-symbolisation de notre lien inconscient au Grand Autre Absolu , à la Référence absolue...?

Et ce lien -- dont procède "l'amour politique de Dieu" comme l'a nommé Legendre --, est au fondement de tout transfert institutionnel (transfert sur les figures de la Souveraineté), au fondement de tout "amour politique" de la Cause, soit-elle nommée Démocratie ou Psychanalyse...

Autrement dit,l'athéisme n'est pas une conscience transcendantale, un Moi qui s'affiche comme tel, mais d'abord, comme toute chose, affaire de vérité... Il tient donc, tel que Lacan, lui encore, en a ouvert les distinctions, à ce travail infini d'analyse et de traversée de notre "complexe de croyance", au travail d'élaboration et de pensée qui nous permet de ne pas confondre les registres de l'imaginaire, du réel et du symbolique, sans pour autant les dissocier...

De là, ainsi que s'y est employé Patrick Guyomard à l'invitation de Charles Melman dans une très récente intervention (à lire sur le site de l'EPHEP), il me semble possible de recevoir, puis-je dire pleinement, avec toutes conséquences de décentrement à la clef?, la formule rebattue de Lacan, "l'inconscient c'est la politique". Et j'ajoute : de donner profondeur de champ, là encore avec toutes conséquences à la clef, à la proposition de Sloterdjik selon laquelle l'erreur essentielle de l'occident à été de surinvestir la question sociale et d'oublier le principe généalogique..., soit, la problématique de la Loi.

Une dernière indication, pour les quelques courageux qui s'intéressent encore à ce discord dans lequel je me trouve engagé avec Joseph :
Quant à la question de savoir comment Legendre se rapporte à l'évolution en cours j'ai donné, à la demande de son rédacteur en chef, quelques réflexions dans le dernier numéro du journal La décroissance. Dans un entretien intitulé ( par le journal)"Soyons les messagers de la limite". Entretien portant sur "l'habitat institutionnel de l'homme " )



Modif. 1 fois. Derniere modification le 13/06/2018 22:05PM par Daniel Pendanx.
Re: Quand c'est fini ni ni ça recommence...
15 June 2018, 08:21AM
" Dieu est inconscient" ... François Regnault, homme de théâtre et psychanalyste, mais aussi Le RP Louis Beirnaert, jésuite psychanalyste (il pensait que le "et" était de trop), et encore Denis Vasse, jésuite, médecin et psychanalyste etc ont fait la part belle à cette formule lapidaire. Il faut aussi se souvenir que le frère de Lacan, Marc-François était moine bénédictin à l'abbaye de Hautecombe. Bref Lacan est plongé jusqu'au cou dans cette tradition chrétienne vieille de 2000 ans. L'invention du concept de "nom-du-père" (sur le modèle de Dieu le père) dans le séminaire III, tient sûrement son origine de cette tradition... Mis en perspective avec cette autre formule "l'inconscient c'est la politique" (Logique du fantasme) on pourrait bricoler un syllogisme: Si Dieu est inconscient et que l'inconscient c'est la politique, Dieu c'est... la politique. On peut toujours bricoler avec n'importe quelle formule, faire dire tout et son contraire... Le signifiant n'ayant pas de sens unique, cela renvoie aux constructions de chacun. Ce que nous avons en commun, c'est un ensemble de signifiants, la langue, la française pour nous, mais chacun cheminant dans cet ensemble, produit un sens singulier. Très longtemps les productions singulières se sont trouvées arrimées à l'idéologie dominante (discours religieux, d'où est issu un discours social et familial). L'éclatement du capitalisme en une pluralité de jouissances individuelles (et non subjectives) a mis à mort ces constructions universelles. D'où l'expression de Lacan de "pluralisation des noms-du-père". à la fin de son enseignement. Dieu est mort: le signifiant lui-même en portait déjà la marque prophétique, puisque jusqu'au XVIII ème siècle, le U s'écrivait V, soit DIEV, anagramme de ... VIDE. Un des noms du réel irreprésentable, hors tout symbole et toute image. Question actuelle: comment continuer à produire du lien social alors que les armatures symboliques sont tombées (Dieu est mort; Le Roi, on lui a coupé la tête; le patriarcat a du plomb dans l'aile)? Qu'est ce qui reste entre nous quand il ne reste rien, si ce n'est le discours capitaliste qui nous aliène à la consommation effrénée des objets , à la mise en circulation sans limite des pulsions? Je ne crois pas que la nostalgie d'un retour à un ordre ancien puisse nous sortir d'affaire. Il y a à inventer, avec les moyens du bord. Car ce qui demeure constant, c'est un animal parlant assujetti aux lois du langage. Mais les lois du langage sont aussi ce qui nous réunit et ce qui nous divise. Comme analyste je m'attache à soutenir la façon dont chaque patient bricole sa propre vie à partir des signifiants qui la charpentent. Comme formateur en travail social j'ai le souci de soutenir des constructions collectives qui partent des trouvailles de chacun, avec deux risques: la disparition du sujet dans le communautarisme du collectif; l'éclatement du collectif sous les coups d'un individualisme forcené. Ces deux extrêmes, communautarisme et individualisme, sont les colonnes de Charybde et Scylla entre lesquels passe le lien social. Reste une question: au nom de quoi? Cette question était largement pris en charge jusque là par le discours religieux, relayé aujourd'hui par le discours de la science (le scientisme) de même essence. Alors nous nous trouvons devant un vide abyssal qu'il serait tentant de recouvrir avec de vieilles peaux. Qu'est ce qui peut nous permettre, chacun et collectivement, de tenir dans le vide?

Quand c'est fini
Ni. ni-ni
Ça recommence
Tous les juk'-box
A plein tuyau
Pouss'nt la romance...

Ecoutons le bon Ferré nous la chanter la romance de ce qui n'arrête pas de commencer:

Quand c'est fini
Ni. ni-ni
Ça r'met ça pour la vie !
Re: Quand c'est fini ni ni ça recommence...
18 June 2018, 07:07AM
L'enjeu de la modernité, comme le souligne Lebrun dans "Vivre ensemble sans autrui" consiste bien alors à "laisser désormais à chaque sujet la tâche d'être lui-même le médiateur entre les hommes et la Loi du langage qui, jusqu'à hier, était "habillée" - et masquée - par Dieu. Remplir cette tâche est une condition nécessaire pour pouvoir recueillir les fruits de son émancipation vis-à-vis de Dieu, à savoir réussir à se libérer en tant qu'adulte de l'assujettissement au Père et pouvoir inventer son trajet singulier."
A discuter...
Re: Quand c'est fini ni ni ça recommence...
18 June 2018, 22:38PM
Ce qui pourrait devenir (dans des décennies ou plus ) un vieil adage du temps présent :

Ils chassaient Dieu par la porte de devant, et faisaient rentrer le Maître (à la place d'exception ) par la fenêtre de derrière.
Re: Quand c'est fini ni ni ça recommence...
19 June 2018, 06:24AM
C'est justement là que réside l'erreur grossière de lecture... La "place d'exception" désigne ce qui dans toute situation fait tiers. C'est une place symbolique. Le Maître c'est celui se prend pour un tiers, ne réalisant pas qu'il est au service de cette instance. Confondre la fonction et celui qui l'occupe, on appelle cela : une folie. Comme l'énonçait joyeusement Lacan: le fou qui se prend pour un roi est fou; mais le roi qui se prend pour un roi l'est tout autant... On peut décliner la série: le psy qui se prend pour un psy..., le travailleur social qui se prend pour un travailleur social... Bien sûr il faut bien qu'une place soit occupée, mais confondre l'occupant et la fonction relève, d'une erreur de lecture, voire d'une forme larvée de perversion : je le sais, mais je ne veux pas le savoir. Ce que relève Lebrun, c'est que cette instance a longtemps été occupée par des fonctionnaires patentés de la fonction: Roi, père, chef... La construction pyramidale symbolique qui soutenait l'ensemble ayant vacillé (décapitation du Roi; chute du patriarcat; contestation des chefferies...) nous en sommes à penser cette nécessité logique d'un organisateur dans toute situation. Il est à inventer. Il s'agit bien d'une nécessité de déterminer ce qui fait place d'exception, mais elle n'est pas donnée. D'où l'expression de Lacan à la fin de son enseignement: de "pluralité des noms-du-père", dont il déduit la logique suivante: du Nom-du-Père, on peur s'en passer, à condition de s'en servir.
Re: Quand c'est fini ni ni ça recommence...
19 June 2018, 07:31AM
Je vais revenir un peu plus tard sur la citation proposée de Lebrun ; elle me paraît très bien choisie pour mettre une fois encore sur la table le manque à penser dont elle témoigne :
- soit le fait que "Dieu" ou tout autre Nom de la Référence absolue, est une instance logique (totémique, transcendantale) interne au langage, constitutive de la Loi du langage
- tout en reproduisant, pour notre temps, ce que Legendre a relevé de la schize chrétienne dont nous avons hérité, entre le mythe (le fiduciaire) et les règles, la normativité
- induisant cette méconnaissance de la dimension symbolique institutionnelle avec laquelle un Lebrun, comme tant d'autres, se débat, n'arrivant pas à prendre acte du "pas de Legendre": à investir la fonction du Droit comme fonction structurale gardienne justement de la Loi du langage.
Je pense là à un verset de la Bible que j'ai eu l'occasion ce citer : celui qui se tient pour maître du langage, qui ne s'y soumet pas, se met en concurrence avec Dieu.

Et pour finir ici : quoique tu en dises, et en dise
Lebrun, ce n'est quand même pas pour rien que des directeurs se soient vus flattés et légitimés à bon compte par le "superviseur analyste" à se croire les seuls dans l'institution à occuper la dite "place d'exception". L'article critique de Jean François Gomez sur ce bouquin de Lebrun à fait le tour des choses et tient parfaitement la route... Vous êtes là mon cher Joseph, sous votre sophistique, porteuse de propositions dogmatiques souvent forts recevables bien sûr, dans un "je sais bien mais quand même" on ne peut plus ordinaire.

Ni Dieu ni maîtres est une aporie logique, l'aporie d l'anarchisme.
Re: Quand c'est fini ni ni ça recommence...
19 June 2018, 13:40PM
Dans le même n° de VST où paraissait l'article de Gomez, tu aurais pu lire un de mes articles tout aussi critique, en ce que Lebrun, avec qui j'en ai souvent discuté, passait à la trappe, en appuyant lourdement sur la hiérarchie de subordination, une autre hiérarchie, horizontale celle-là. Ce sont mes termes pas les siens. Autrement dit comment penser la question institutionnelle dans ces deux composantes qui ouvrent à une dialectique vivante. Hiérarchie de subordination: il y a des différences de place et chacun est garanti dans sa place par une dite "place d'exception" (le sommet de la pyramide, bien effacé aujourd'hui, mais nécessaire); hiérarchie de coordination parce que avant toute prise de décision, il faut bien envisager un mouvement "démocratique "d'échanges de paroles où ce qui hiérarchise, c'est la structure du langage: quand l'un parle les autres écoutent. Beaucoup d'institutions restent coincées dans l'un ou l'autre de ces axes hiérarchiques. Le chef décide sans consulter; les équipes papotent sans décider... La supervision que tu honnis, tout en en méconnaissant la pratique, n'offre qu'une possibilité parmi d'autres de mettre en mouvement cette dite "place d'exception". Terme que je n'aime guère parce qu'il pousse effectivement trop souvent, pour celui ou celle qui l'occupe, à se croire... exceptionnel. Je pense que les discussions avec Lebrun ont fait avancer le smilblick sur ce point. Parce que c'est comme cela que l'on avance, pas en lançant des anathèmes ou en ressassant de vieilles antiennes. " Il existe bien une place d’exception au sens logique, soit une place différente des autres, qui s’en excepte, qui n’est pas sur le même pied que les autres et qui autorise dès lors celui qui s’énonce à prétendre à des effets de prévalence qui ne sont pas liés au contenu de ce qu’il va dire mais plutôt au fait que c’est de cette place qu’il le dit !" Cet énoncé de Lebrun est sûrement à revisiter, à peaufiner, mais ça donne la direction... La place et l'occupant y sont encore trop mêlés. Cette place de mon point de vue est... vide, et on peut la dire d'exception au sens où, comme dans la théorie des ensembles, c'est un élément qui en est excepté donc exclus, qui permet de penser la circulation des éléments au sein de cet ensemble. ça forme un trou autour duquel ça circule. Comme dans le jeu de pousse-pousse. Donc pas 1 en plus, mais 1 en moins. Comment penser ce "1 en moins" dans toute déclinaison institutionnelle? C'est ce que nous avons essayé de faire à quelque uns en créant l'association l'@psychanalyse... Le colloque que nous organisons à Montpellier en octobre est titré: Retrou(v)er la psychanalyse: éloge de l'impossible.



Modif. 2 fois. Derniere modification le 19/06/2018 13:46PM par Joseph Rouzel.
Re: Quand c'est fini ni ni ça recommence...
20 June 2018, 15:55PM
Je ne sais où est la rengaine quand une fois encore je lis que je ne connaîtrais rien de la substantifique moelle de la supervision! Mon expérience directe et indirecte, les lectures attentives de l'essentiel qui se trouve publié en l'affaire, tout cela serait donc nul et non avenu. Et je ne voudrais donc rien en savoir...
Et bien oui, je suis un mauvais négre, qui de plus n'a jamais voulu se blanchir...

Conquérant peu à peu liberté et mesure (sens des limites, sens de l'impossible, du "ce que je ne peux pour autrui") dans mon propre jeu d'interprète (dans la scène institutionnelle et familiale des cas), j'ai vu, tel Ulysse, cet héros d'endurance comme le nomme Homère, s'agiter sous bien des masques et de nobles références, les prétendants, toutes sortes d'aspirants à l'imaginaire "place d'exception"... Aussi oublieux les uns les autres, tous ces liquidateurs d'Œdipe, de la " vaine gloire de commander" et des illusions du pouvoir...

De ce transfert politique dénié, occulté, sur les figures de la Puissance, j'ai connu dans nos milieux les modes militants successifs de fermeture, de cristallisation, toutes ces façons complices ou rivales pour occuper la place du Pilote, dans la plus parfaite méconnaissance du point fixe (de la structure) et de la fonction médiane, cette fonction parentale symbolique institutionnelle dont toute fonction dans la scène du cas a vocation à participer.

De ce transfert institutionnel sur le Grand Autre, portant le sujet aussi bien à en occuper dans le réel la place imaginaire - sous les traits du Père Idéal - qu'à en être l'annexe, le petit chose, comme tous ces piétistes institutionnels qui font cortège aux chefferies techno-gestionnaires, parfois tous regroupés comme au CNAEMO sous les faux airs de la "résistance" et du "progressisme" entretenus par un psychosociologisme de bon aloi, eh bien le lapsus d'une vieille collègue, aujourd'hui décédée, livra si besoin l'économie. Soit cet ordre de représentation, pour le coup "phallocratique", dont procède tout transfert inconscient (non reconnu et élaboré comme tel) sur la Référence et les figures fantasmatiquement associées du Pouvoir, et cela sur un mode indifférencié ou clivé.

Je rapporte le lapsus de cette collègue: Alors qu'elle allait bientôt partir à la retraite et quitter son poste de chef de servicet, et que la question de qui allait la remplacer, et en particulier celle de savoir si ce serait un homme ou une femme, agitait les esprits, cette collègue, voulant faire un bon mot, nous dit que quoiqu'il en soit il faudrait, si c'était une femme, qu'elle soit comme elle, "exceptionnil" ...

Alors moi voyez-vous ce genre de lapsus, avec quelques autres de cet acabit, ça m'a beaucoup éclairé, ils ont fait le sel de ma super-vision. Et j'ajoute, une fois encore, que quant à nos missionnaires-superviseurs et autres analystes institutionnels je n'en ai pas vu et lu beaucoup (à part quelques très rares propos) qui aient tiré véritablement conséquences de la place qu'ils occupent dans le mythe institutionnel œdipien, et partant de la propre fonction "parentale" médiane de toute fonction institutionnelle dans la scène du cas. Médiane par rapport à ce Il à majuscule d'un homme ou d'une femme réduit au Phallus, autrement dit, assimilé à la "place d'exception"...

Et j'ajoute : si ces bons superviseurs référés à la psychanalyse avaient pris acte de la façon dont le jeu de l'écart (autrement dit, la préservation du vide constitutif de l'espace tiers, l'espace potentiel) se trouve subverti non seulement par le jeu sauvage des transferts (dimension institutionnelle de ceux-ci comprise) mais par les montages institutionnels eux mêmes, alors ils auraient pu investir la Question juridique, reconnaître la vocation clinique propre des institutions, et celle de la fonction du juge : d'être, en bout de chaîne institutionnelle, le garant des places et de l'écart, dans l'ordre de la Loi, la loi langagière de la différence des sexes et des générations... Mais aucun de ceux là, préférant sûrement continuer à se penser dans le surplomb "psychanalytique", en s'estimant libre de toute attache normative (comme au-delà du mur du langage), n'a fait à ma connaissance le pas de côté nécessaire... Je n'ai pas vu par exemple qu'ils aient accepté, retenu et tiré conséquences, eux qui s'intéressent tant à superviser nos milieux, de ma petite découverte sur la façon dont la fonction du juge des enfants, au prétexte de l'Educatif, s'est trouvée mise sous statut d'exception, et comment ce faisant, désymbolisée, elle s'est trouvée emportée dans un familialisme social homo-parentalisé. Un familialisme qui, quoiqu'il en soit masqué, n'est pas dépassement du patriarcat honni, mais son envers régressif. Aussi, comme le montrent fort bien les citations ci-dessus de Lebrun, ils continuent, en raison si je puis dire d'un certain attachement à leur Cause,en raison de leur anti-oedipisme, à se tenir sous une double casquette, en conjugant discours de l'analyste et discours du maître... Se plaignant parfois que dénonçant cette imposture , celle d'un psychanalysme militant dernier cri, je les maltraite, que je les tienne - ce qui en la matière qui nous occupe est vrai - pour des attardés.

Bon, allez, à propos de retard, la marée est en train de tourner, je vais me baigner.

Le Cap Ferret, ce 20 juin 2018



Modif. 4 fois. Derniere modification le 20/06/2018 22:46PM par Daniel Pendanx.
Re: Quand c'est fini ni ni ça recommence...
21 June 2018, 06:33AM
La supervision, comme l'analyse est avant tout une pratique, Puisque tu en as l'expérience tu pourrais en parler... Tu en produis une analyse qui t'appartient, mais on ne sait pas sur quelle base vécue. Il me semble que cela obéit à un minimum de questions. Comment est née dans les établissements que tu as fréquentés l'idée de supervision, qui en a fait la demande, comment, quel type d'intervenant a été choisi, quel était le dispositif proposé, dans quel but, comment ça a travaillé ou non? etc... Discutons sur ce qui se passe ou s'est passé pour toi. Personnellement non seulement j'ai une expérience assez longue de la supervision et de la régulation d'équipes, mais j'ai donné dans mes ouvrage les coordonnées théoriques qui me soutenaient. Tu peux en faire la critique, faire part de tes désaccords, mais alors texte en main, sinon je ne sais pas de quoi tu parles.



Modif. 1 fois. Derniere modification le 21/06/2018 06:45AM par Joseph Rouzel.
Re: Quand c'est fini ni ni ça recommence...
25 June 2018, 16:27PM
Je parle de ce que j'ai lu depuis des années, de ce que je lis ici, à travers quoi se dit la position ( la place de discours) que nous venons occuper dans la scène institutionnelle et familiale du cas, et cela en regard de ce qu'il en est des conditions (du jeu des fonctions, je vais y revenir) qui président à l'institution du sujet.

Se soucier des conditions qui président à l'institution du sujet :
autrement dit, pour tous ces sujets (enfants et parents) enkystés à des degrés divers dans une impasse généalogique, se soucier du rétablissement d'un cadre (le cadre même de la clinique) et d'un contexte de liens qui autorisent de ré-ouvrir pour eux l'assomption de leur propre division subjective, sexuée.

Jeu des fonctions (fictions légales) = jeu des figures généalogiques :

C'est par là, en ce jeu (familial et institutionnel) des images, des figures, jeu juridiquement noué et par là référé, qu'opère, dans l'ordre de la représentation (dimension inconsciente comprise), l'entre-appartenance du sujet et de l'institutionnalité, du social.

"juridiquement noué et par là référé", ce qui signifie qu'il y a du ternaire pour qu la dialectique opère : le sujet, l'institutionnalité (le juridique) et, sur un autre plan, l'instance de la Référence - le lieu du Zéro, de la "place VIDE d'exception" du Grand Autre absolu, mis en scène.

Peut-on continuer à penser avec le Lacan de 1938 " ... que le sort psychologique de l'enfant dépend avant tout du rapport que montrent entre elles les images parentales" ?

Je soutiens que oui, tout en considérant que ce "rapport", qui est d'abord un rapport qui joue "en vérité", se trouve engagé culturellement en amont, noué en droit,dans le droit civil comme dans les montages institutionnels. Ce "rapport" s'inscrit dans la scène institutionnelle, dans le lien aux instances tutélaires, dans le jeu des fonctions. Fonctions dont chacune a vocation symbolique à soutenir l'écart, à se faire messager médian du Nom-du Père.

C'est ainsi qu'il y a une paye j'ai compris mon cher Joseph-l'attardé, l'attardé de la Question juridique (participant ainsi d'une grande communauté), pourquoi Lacan, qui avait déjà tellement insisté sur le fait que "le père symbolique n'existe pas" (en raison de la confusion du symbolique et du réel que d'aucuns reproduisaient dans son Ecole) a introduit la dite "pluralisation du Nom-du-Père"... Je ne vous ai pas attendu, ni quelques uns de mes amis, dont le juge Boulet, pour me saisir de l'idée qu'il n'y en avait pas qu'un seul, qu'un attitré, qui pouvait faire valoir le principe du Père! Et que par exemple du juge il fallait pouvoir s'en passer pour mieux s'en servir... Ce qui m'a conduit à considérer combien justement derrière la formule du "juge qui rappelle la loi" résonne en fait celle de l'hystérique qui veut un maître sur lequel elle règne...

Aussi cela m'amuse toujours cette nécessité que tu sembles éprouver, je l'ai déjà signalé, de me faire la leçon sur ce point, comme si depuis bien longtemps, critiquant l'idée encore aujourd'hui répandue dans les milieux psy et professionnels qu'il fallait à tout prix réintroduire le père (ce qui résonne drôlement n'est-ce pas!), je n'avais soutenu que dès lors que les uns et les autres se trouvaient référés convenablement (c'est-à-dire non légitimés dans le fantasme œdipien, l'égalitarisme œdipien!), chacun pouvait jouer comme tiers, comme "du-père", dans le champ de la relation imaginaire mère/enfant. Je renvoie là à mon texte d'analyse d'un cas de jurisprudence, réflexions sur le sujet de la parole et le droit, publié dans le numéro spécial du Sociographe sur la protection de l'enfance.

Chaque fonction a ainsi sa potentialité clinique dans la scène du cas. Ce qu'a relevé et soutenu le courant institutionnaliste, mais en négligeant la dimension juridique. Je ne développe pas ici.

C'est en tous les cas par là, en ce "rapport" impliqué dans le jeu des fonctions, dans le mode de lien entre les figures qui s'inscrit dans la scène du cas, comme je l'ai maintes fois souligné, décrit dans des analyses de cas [cf. mon article sur "l'intérêt de l'enfant" dans le journal Envie d'école, celui sur l'AEMO et l'AED dans Empan], que le contexte institutionnel (le mode donc de relation croisée des fonctions, soutenant ou pas dans les pratiques l'espace de séparation,la division du sujet du Pouvoir (qui joue comme division interne du sujet), prennent effet sur le cours de l'identification sexuée, celui de la différenciation subjective de soi et de l'autre.

J'essaierai de montrer en quoi dans les posts qui suivront la symbolisation de l'exercice de toute fonction (son efficace symbolique, clinique) suppose et exige que la fonction, toute fonction soit référée, c'est-à-dire tout à la fois liée et divisée de la Référence, de la "place d'exception" de la Référence.



Modif. 2 fois. Derniere modification le 26/06/2018 08:57AM par Daniel Pendanx.
Re: Quand c'est fini ni ni ça recommence...
26 June 2018, 06:33AM
annulation pour reprise du post
Re: Quand c'est fini ni ni ça recommence...
01 July 2018, 18:38PM
(suite)
Au long cours de mon expérience en AEMO, confronté à la puissance (culpabilisante) de tous ces transferts et demandes issus du malaise – malaise des parents ou des institutions qui vient en bout de chaîne institutionnelle, via les juges des enfants, se décharger sur l’AEMO – j’ai peu à peu conquis de m’extraire des évidences : de l’évidence que l’AEMO était la «bonne réponse », le "bon instrument éducatif du juge"… Comme s’il fallait un instrument au juge ! Je me suis ainsi peu à peu dégagé du positivisme éducatif et thérapeutique qui, sous des références diverses, a depuis des lustres irradié la Justice des mineurs. Et j’ai fini par relever, cas après cas, combien l’AEMO, prise dans la vieille hystérie sociale, se retrouvait en place de ce phallus imaginaire d’un Juge investi comme maître du cas : un maître sur lequel règne les puissances extérieures au Droit. Les Érinyes d'aujourd'hui ? Il suffit de voir la place pour le moins réduite qui a été faite lors des dernières Assises du CNAEMO au magistrat, et d’entendre la façon dont un représentant d'un Conseil général revendiquait devant tous (sans autre réaction !) la place du « pilote », de la « gouvernance » des cas, pour vérifier le peu de cas que font ceux-là, et les milieux associatifs de l'AEMO, de l’office du juge! Les magistrats sont pris depuis bien longtemps pour les caisses enregistreuses des décisions administratives ou de celles des « spécialistes »… Je me souviens encore là combien de vieux collègues s'insurgeaient quand un juge ne « suivait » pas l’orientation qu’ils proposaient... On ne disait d’ailleurs pas à l‘époque dans les rapports d’AEMO qu’on « proposait» telle ou telle orientation, car on ne concevait pas que le juge ne "suive"... On avait en quelque sorte le sentiment de participer du même bain, celui d'un juridisme medico-psycho-éducatif dont on pensait devoir et pouvoir donner le la !

Et c'est ainsi que pour nombre de juges et d’éducateurs la seule identification noble était de se considérer, sur le modèle de l'idéologie médico-psycho-éducative régnante, comme des "soignants". Un signifiant maître, verrouillant en vérité l'identification imaginaire inconsciente des praticiens à la "bonne mère", dont on relève l'emploi constant chez des universitaires militants... Mais laissons cela, qui est pourtant une clef d'entrée pour se saisir de ce qu'engage ce juridisme à la sauce "psychanalytique" qui a fait le lit d’une techno-gestion (celle de ces chefferies administratives et associatives) qui ne s’embarrasse plus maintenant, à quelques rares exceptions, de la vieille sophistique...

Tout est donc fait pour que ce délégué à la décharge du malaise qu’est l’éducateur d’AEMO soit flatté et entretenu dans son roman familial, ses identifications imaginaires aux parents idéaux, les parents combinés d’avant l’œdipe. Je l'ai déjà dit : l'homoparentalité n'est pas une affaire réservée aux seuls gays! Ce qui n'est pas davantage compris d'un côté que de l'autre...

Tout conduit à ce que ces praticiens, comme d’ailleurs tant d’éducateurs en internats et autres, gardent la tête dans le guidon et « collaborent» sans avoir à se demander, en regard de l’économie générale institutionnelle, généalogique du cas, ce qu’ils foutent là !

Mon chemin m’a conduit à briser les présupposés fondateurs de l'AEMO, ces attendus sur "l'interpénétration de l'éducatif et du judiciaire" qui semblent toujours «aller de soi » pour tous.Je me suis alors décalé des pratiques de l'emprise et du commandement, de la défausse et du remplissage, de ces modes d'intervention si mal dialectisés, soumis à l’imperium des idéaux réparateurs, en vérité « faussement réparateurs » (au sens précis que Winnicott donne de cette notion). Et j’en suis venu, à travers maints tâtonnements, à me demander justement ce que je foutais là... Je me suis interrogé non seulement sur ce qu’il en était de mon désir dans l'exercice de cette fonction en AEMO mais sur ce qu'il en était de la demande qui nous était faite, qui m’était faite... Demande qui était souvent, par le magistrat, non traitée juridiquement dans la perspective de l'institution du sujet, et dès lors déplacée sur l'AEMO... Voilà qui m’a donc conduit à mettre en questions le montage même de l’AEMO, comme j’en ai rendu compte pour l'essentiel dans deux articles de la revue Empan. L'un sur la fonction du juge, intitulé, sous une formule de Montaigne, " Ne pas prendre le fait de l'un pour le fait de l'autre", et l'autre visant à montrer en quoi la division AED/AEMO est une fausse division.

Ce faisant j’ai eu à affronter la doxa positiviste, un véritable interdit de penser la dimension institutionnelle du cas. Mes réflexions ne peuvent en l'état que heurter le narcissisme professionnel, celui de pouvoirs bien mal limités,l’attachement le plus serré de nos milieux à ce montage pourtant si confusionnel qu’est celui de la Justice des mineurs. Un montage qui, subvertissant comme je l'ai montré l’efficace symbolique de la fonction du juge des enfants, son office de garant des places, garant de la Limite et de l'écart pour tous les protagonistes du cas, fait de celui-ci (homme ou femme) non pas un interprète référé (je reviendrai plus tard sur cette notion), le représentant du Père-Tiers, mais l’incarnation de ce Père idéal dont Guy Rosolato a si bien décrit la fonction d'agent de la Mère phallique, omnipotente, dans son analyse du « complexe de croyance »…

Ce chemin de questionnement qui fut le mien, aux leçons et découvertes toujours circonscrites par tous ceux qui mènent le bal – je pense là à toutes ces chefferies associatives, avec leurs multiples accompagnateurs, aujourd’hui regroupées autour d’un CNAEMO à vocation militante, théologico-politique – m’amena à analyser les façons dont nos pratiques pouvaient venir redoubler et (re)couvrir l’économie sacrificielle des cas. Et cela en préservant le narcissisme de corps de nos milieux, la colle imaginaire des praticiens à l’Un-stitution, à l’Equipe, à la Psychanalyse…

J’ai pu ainsi, en ce lieu de l’AEMO où confluaient le malaise (= l’angoisse sociale de culpabilité, selon Freud), les impasses éducatives familiales et institutionnelles les plus diverses, repérer combien toutes ces situations qui venaient ainsi se déplacer et échouer dans le contexte judiciaire, dans l'AEMO, témoignaient du plus général défaut de la triangulation œdipienne, celui de l’institution du sujet.

Et c’est bien sur cette affaire nodale de "l'institution du sujet", c’est-à-dire sur le fait qu’il n’y a, comme n’a cessé d’y insister Pierre Legendre, dans un quasi désert, "de sujet que sujet institué", que porte, pour des raisons diverses, que je laisse là de côté, la plus grande résistance de nos milieux, des milieux psy, des «attardés» comme je dis, moi qui me considère comme un grand retardé : la plus grande volonté de ne pas savoir.



Modif. 10 fois. Derniere modification le 03/07/2018 13:40PM par Daniel Pendanx.
Re: Quand c'est fini ni ni ça recommence...
05 July 2018, 23:27PM
Interlude

"... le sommet de la pyramide, bien effacé aujourd'hui, mais nécessaire..." (Cf. post ci-dessus)

La formule engage parfaitement ce dont nos chers superviseurs et autres pédagogues (de la "place d'exception") ne veulent rien savoir du transfert politique, autrement dit, de leur propre place dans le mythe institutionnel œdipien, soit-disant disparu.

Pyramide : voilà, comme un souvenir ancien me le rappelle aussi (l'emploi insistant,répété, de ce signifiant par deux collègues, un psy et un éducateur, communiant dans un même amour/haine du pouvoir associatif lors du départ à la retraite de l'un d'eux), la marque du centralisme français. Ce centralisme catholique dont a hérité le lacanisme et dont tant d'analystes, férus du social - plus superviseurs ou pédagogues qu'interprètes - ne savent se dépêtrer. Et pour Cause, pour cause de manquement à la politique de l'interprète.

Pyramide : un signifiant qui est bien là pour dire à des enfants que la place du père - l'exceptionnil - est bien tout en haut... Mais il est vrai que dans notre tradition ce trait de servitude et d'infantilisme se trouve associé à l'esprit "révolutionnaire" ! Comme le disait l'abbé Sieyès (qui devint conseiller de Napoléon, un de nos Jupiters préférés), "le pouvoir vient d'en haut, et la confiance d'en bas". On a là, comme je finis par le reconnaître au fil de mon analyse, la marque religieuse, sous quelque référence idéologique ou théorique que ce soit, de l'amour politique, qui est aussi, comme en témoignaient donc si bien devant moi ces deux anciens collègues ce jour là, un amour d'institution. Transfert politique et amour d'institution sur lesquels tablent les pouvoirs associatifs et le management...

Je pense là à ce qu'inscrivait sur la porte de sa salle de cours Pierre Legendre : "Pierre Legendre n'est pas un pédagogue".
Re: Quand c'est fini ni ni ça recommence...
07 July 2018, 07:47AM
Prendre le sommet de la pyramide pour le père, voire pour Dieu le père, c'est comme de prendre des vessies pour des lanternes, ça n'est guère plus éclairant. D'autant plus quand on s'aperçoit que DIEU jusqu'au XVII ème siècle s'écrivait: DIEV, anagramme de... VIDE! IL existe surement une fonction logique à s'inventer des sommets de pyramide. Mais à y regarder de près on voit bien que ces sommets sont divers et (a)variés, d'autres sont carrément effondrés. ça oblige à penser un au-delà de l'Oedipe, qui après tout n'est qu'un mythe qui allait comme un gant à Freud. Sommes-nous prêts, à l'heure de l'explosion des sciences techno­médicales, de la procréation médicalement assistée ou de la libéralisation du marché des mères porteuses ... à affronter les défis actuels de la reproduction humaine pour qu'il continue à y avoir sur terre des "trumains"? Cela exige une pensée dans le fil, comme on le dit du travail du menuisier. S'il y a du père, c'est avant tout du fait que les trumains sont parlants. Bien sûr on peut appeler père la structure même du langage. ça n'est qu'un revêtement commode mais élimé, qui aujourd'hui laisse filtrer les déchirures où s'entrevoit l'abîme (c'est un joli mot de Legendre) ; mais il n'y a pas lieu de s'y abimer... Ni nostalgie, ni déclinisme. Il s'agit de se tenir là où chacun est convoqué...



Modif. 1 fois. Derniere modification le 08/07/2018 07:48AM par Joseph Rouzel.
Re: Quand c'est fini ni ni ça recommence...
08 July 2018, 15:22PM
Nouvel interlude.

Ai-je rêvé, ai-je bien lu, il était bien écrit "... le sommet de la pyramide, bien effacé aujourd'hui, mais nécessaire..."?

Et dès la première ligne du propos suivant n'est-il pas recouru à nouveau à cette symbolique de la pyramide en laquelle les sujets confondus, pierres assemblées, ne font qu'Un avec le pouvoir qui se tient au sommet. Une de ces fables stupéfiantes dont le management fait son beurre.
J'ai eu l'occasion de relever dans la charte d'une association bordelaise, autre "mise en scène sublime du pouvoir", l'emploi de cette autrefigure en majesté de la Cathédrale que serait la dite Association, cathédrale dont les salariés, est-il écrit, seraient la clef de voûte...

Comme je ne suis pas un bon camarade, il me faut avouer que je vois là encore, sous ce signifiant employé de "pyramide", après toutes ces manières contournées de faire résonner le signifiant "place d'exception" pour nos chers directeurs et aimables équipes, un nouveau signe manifeste de double discours. Ce qui nous ramène au questionnement sur les dites supervisions.

Qui demande?
Et plus particulièrement, que demandent les directions gestionnaires à la "psychanalyse", aux "supervisions"?
Que demandent-elles sinon de préserver et entretenir le transfert institutionnel, autrement dit d'entretenir l'enlacement narcissique des uns et des autres à l'Un-stitution?

Legendre l'avait relevé il y a bien longtemps, dans un de ses premiers livres (sur la danse) : ils sollicitent la psychanalyse pour que celle-ci "prête main-forte au recyclage de l'ordure humaine"... Et ce recyclage et bien il exige de faire passer à l'as les signifiants sulfureux de la psychanalyse : l'Œdipe, l'angoisse, la culpabilité et le conflit, et j'ajoute, le transfert institutionnel. Il exige d'évacuer de l'horizon clinique la Question juridique, le nouage des pratiques à la problématique de la Loi, dimension institutionnelle comprise.

Les superviseurs sont requis comme "les nouveaux maîtres du ballet", pour réduire le conflit (au-delà de l'Œdipe, ce mythe dépassé n'est-ce pas !), et faire marcher la troupe conviviale dans la croyance préservée de l'enfant à la bonne institution et au puissant menaçant porteur du phallus!
Les coupables n'étant plus dès lors que ceux qui s'écartent de l'Un et mettent en cause ce "bon ordre" où le nœud infantile de la soumission se verrouille à la sacro-sainte majesté des figures institutionnelles du Pouvoir...
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